Adamsberg

Ne tournons pas autour du pot : J’adore lire Fred Vargas.

Je l’ai découverte, un peu par hasard, il y a quatre ans, en achetant sa nouvelle « Coule la Seine », alors que j’étais en déplacement professionnel dans les Hautes-Alpes (ce qui est, somme toute, sans intérêt mais pose tout de même le propos ;0) et que je m’y emmerdais ferme. Il fallait bien que j’occupe mes longues soirées solitaires…

C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Jean-Baptiste Adamsberg, flic atypique et personnage récurrent, sinon central, de la plupart des polars de Fred Vargas. Séduit par le style de la dame, j’ai rapidement comblé mon retard et acheté toute sa production policière. Depuis, j’attends toujours avec impatience ses nouvelles livraisons. Ainsi, je viens de me lancer dans la lecture de son dernier roman, « Un lieu incertain », sorti il y quelques jours et, comme d’habitude, le récit est prenant, difficile de s’en séparer.

Je ne livrerai rien de ce qu’écrit Fred Vargas, évidemment. A quoi bon ? Ce ne serait guère convenable à son égard et il vous suffit de vous procurer ses livres pour entrer dans son univers si particulier. Mais je peux parler de son talent à créer des personnages pittoresques et attachants, parfois inquiétants quand ils sont criminels ou bardés de problèmes personnels. Finalement, ils sont tous terriblement humains, crédibles.

Adamsberg n’est pas le seul personnage original de la riche galerie de Fred Vargas mais c’est sans doute son préféré, à elle, puisque, finalement, alors qu’elle avait créé deux ou trois « équipes » autonomes, elle les a fait se rejoindre dans l’un des derniers polars pour lui porter secours. Adamsberg, c’est le « pelleteux de nuages [1] », un lieu où il semble vivre en permanence et trouver la solution des énigmes auxquelles il est confronté. C’est un « décrypteur » des âmes humaines (sauf peut-être de la sienne, tourmentée, ou de celles des gens qui l’aiment ou qu’il aime) – comme d’autres, tel Mathias Delamarre, dit « Saint-Mathieu » qui décrypte des ossements ou des pierres au fond de fouilles archéologiques – dont il arrive à définir les contours et à percer les secrets en les juxtaposant à la sienne, en se mettant à la place de l’autre, en laissant vagabonder son imagination et son intuition.

Adamsberg, c’est l’anti-héros américain, l’anti-inspecteur Harris (par exemple) qui résoud les problèmes en cognant d’abord et en discutant ensuite. Il n’y a pas de violence, chez Vargas, ou très peu, hormis celle des crimes décrits et quelques coups donnés ici ou là. Adamsberg, il parle, il écoute, il rêve. Il dessine aussi mais il ne raisonne pas. A quoi bon ? Tôt ou tard, de l’écheveau de ses pensées incohérentes, il tirera le fil qui le conduira à la solution. Au grand dam de ses équipiers, Danglard en tête – l’adjoint dévoué, alcoolique, cultivé et clairvoyant – qui suivent ses instructions en s’arrachant les cheveux devant leur apparent manque de logique.

A côté d’Adamsberg, parfois sans lui dans certains romans, vivent d’autres personnages dont le trait commun est d’avoir une particularité : l’originalité. Peu importe que ce soit dans la manière de penser, dans celle d’aborder le monde ou la vie, la plupart des personnages principaux, tels les « Évangélistes » (Marc Vandoosler – St-Marc, Lucien Devernois – St-Luc, Mathias Delamarre – St-Mathieu) pimentent le fil du récit de considérations décalées, parfois désopilantes comme certaines des situations dans lesquelles ils se mettent.

Il y a une vrai tendresse pour cette humanité, chez Fred Vargas, pour ces quasi-marginaux. Et on le comprend : pour un peu, on aimerait être l’un d’eux, avoir ce détachement qu’ils éprouvent vis à vis de certaines choses ou cette anxiété pour d’autres mais toujours ce sens de l’amitié et de la main tendue, quelque fois bourru ou pudique mais toujours profond.

C’est pour cela que j’aime Fred Vargas et ses bouquins et que je me propose de lire le reste de son œuvre. C’est aussi pour cela que je vous invite à la lire, si vous ne l’avez jamais fait car son univers vaut le détour.

Je ne prendrai pas la peine de vous donner sa bibliographie. L’article de Wikipédia cité plus haut le fait très bien et de manière, je crois, complète. Alors je vous le redonne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fred_Vargas.

Bonne lecture et merci madame Fred Vargas. Longue vie à Jean-Baptiste Adamsberg et à ses compagnons.