Paris-Morvan

Ce qu’il y a de bien, à la FFMC, c’est qu’il y a toujours une réunion quelque part, sur un sujet donné. A tel point que, parfois, nous qui sommes tout de même des passionnés de moto, nous avons l’impression de passer plus de temps en réunion pour en parler que sur les routes à en faire.

Alors quand les deux peuvent se conjuguer, on n’hésite pas.

Ainsi donc, après mon raid lorrain de la semaine dernière, l’occasion m’a été à nouveau donnée de concilier l’engagement militant avec le plaisir d’une bonne virée. Cette fois, destination Paris.

Jour 1 : vendredi 25 juillet

Bison Futé, qui n’est pas daltonien, voit la journée en rouge, sinon en noir, dans la vallée du Rhône. Pour avoir goûté quelques fois aux délices de la saturation rhodanienne, je décide donc d’éviter ce couloir malgré le fait que, selon les estimations de mon logiciel (propriétaire) de cartographie, cet itinéraire pourrait être accompli en un peu moins de sept heures, par l’autoroute. C’est évidemment sans compter avec les bouchons promis.

Je me décide donc à faire un détour par le Massif Central pour attraper l’A75 près de Mende. Evidemment, ce faisant, le trajet doit durer près de dix heures, tous arrêts compris. Ayant rendez-vous à 17 h 30, il est raisonnable de déhotter à sept heures. On notera, au passage, ce qu’il faut de sens du sacrifice pour s’imposer de tels horaires en vacance.

Ainsi fut fait. Ou à peu près. Il est sept heures et demie quand je lance Frida vers Châteauneuf-du-Pape pour rejoindre Bagnols-sur-Cèze, puis la D6 pour Alès.

Un peu après Bagnols, je dépasse une vieille Béhème, genre R60 série 5, dont le conducteur, harnaché à la mode des années 50-60 (gros cuir, grosses bottes, casque bol et lunettes Climax) m’adresse un salut fort chaleureux. Plus loin, je prends la roue d’un couple sur une Goldwing qui change bientôt de cap avec force signaux de fraternité. Deux motos en moins de 50 km, voilà qui fait une moyenne incomparablement supérieure à celle de mon raid lorrain. Il est vrai qu’à cette heure-là et sur des départementales, la chose est peu surprenante. Mais ça se calme par la suite.

La D6 est certes une très belle route, déjà joueuse, mais la RN106, qui lui succède après Alès, la supplante sans conteste. Le cadre somptueux des Cévennes n’y est pas pour peu. La route se faufile comme un serpent le long des vallées du Gardon, de la Mimente et du Tarnon. Sur ce formidable terrain de jeu, Frida donne une fort belle prestation, sa tenue de route irréprochable transformant chaque virage et chaque épingle à cheveux – et il y en a un bon paquet – en un véritable condensé de plaisir. Le temps d’un petit arrêt pipi + cigarette du côté de Ste-Cécile-d’Angorge (ah, les noms des villages cévenols), nous nous mettons en devoir de dépasser à nouveau la vingtaine de voitures et de camions que nous avions sagement enfumés au premier acte. J’imagine les pensées de ces malheureux automobilistes agglutinés à la queue-leu-leu derrière d’imposants semi-remorques impossibles à dépasser (pour eux) sur des dizaines de kilomètres. A mes fidèles lecteurs, j’affirme sans vergogne qu’il est tout à fait possible de le faire, avec une moto, sans prendre le moindre risque. Il suffit d’être parfois un peu patient et d’avoir de la ressource dans la poignée. Comparé aux boitàroues, on est les rois !

Ce point technique précisé, Frida et moi passons Florac pour attaquer le col de Montmirat et redescendre vers Mende et la vallée du Lot que nous suivons jusqu’à l’entrée n°39 de l’A75. Compte tenu de mes contraintes horaires, je regrette de n’avoir pas pu prendre le temps de m’arrêter pour faire quelques photos. Les Cévennes sont toujours un enchantement.

Forcément, le trajet sur l’autoroute ne mérite pas qu’on s’y attarde. On connait mon aversion pour ces voies qui ne sont rien d’autre qu’utilitaires. Toutefois, c’est là que mon Nolan N103 (toujours aussi bruyant, par ailleurs) me fait sa petite crasse du jour : Après l’avoir démoustiqué sur une aire de l’autoroute A71, aux environs de Rioms, je vois mon écran s’entrouvrir non pas de bas en haut mais de droite à gauche. Vérification faite sur l’aire suivante, j’ai perdu l’espèce de bouchon qui verrouille l’ancrage de l’écran sur le casque. N’ayant encore jamais eu l’occasion de le démonter (pas une rayure après 4 mois d’utilisation, un exploit), je ne me suis pas méfié de ce bitogniot qui, pourtant, me semblait suspect car bien moins sage que son homologue de gauche. Quand je dis que les emmerdements viennent toujours de la droite !…

Du coup, je passe le reste du trajet à vérifier quasiment toute les dix minutes que ce p… d’écran ne sort pas de ses fixations. Et il en reste un bon paquet, jusqu’à Paris, de ces minutes ! C’est là aussi que l’alerte batterie du Tomtom Rider se met à clignoter. Plutôt suspicieux sur la qualité des contacts électriques de l’appareil depuis qu’Ydikoi et Pascal m’ont conté leurs déboires, je sens mon flegme légendaire tourner à l’aigre. Nouvel arrêt pour vérification : Une saloperie est venue se mettre sur les connecteurs. Une fois nettoyés, plus d’alerte sur le restant du parcours.

Arrivé au péage de St-Arnould, il y a foule et je peux goûter aux délices de la remontée de files mais à la façon vauclusienne (puisqu’il paraît qu’il y aurait une façon parisienne) : sans agressivité et avec remerciements aux automobilistes courtois. Je tiens à montrer aux Parisiens que les mœurs provinciales n’ignorent pas le savoir-vivre. Cela doit tout de même affliger trois ou quatre scoutards et motards du cru qui, compatissant à mon statut de touriste, me dépassent en contournant la file de droite par… sa droite, jetant le trouble parmi les automobilistes qui doivent se sentir cernés.

Finalement, j’arrive au secrétariat national vers 17 h 30, pile-poil dix heures après avoir pris la route. Ydikoi, avec qui j’ai rendez-vous, n’est pas encore là mais Cath, fidèle au poste, me confie les clés de la boutique, comme convenu. Ydikoi arrive vers 18 heures, tranquille comme Baptiste. On prend un moment pour tailler la bavette avec Yacine qui finit sa journée puis, le temps de passer à mon hôtel déposer mes bagages, Ydikoi et moi nous dirigeons du côté de la Bastille boire un pot qui devenait pour moi une question de survie. Assis en terrasse, nous devisons gentiment devant une bonne pinte de bière blanche, en ce qui me concerne, et en contemplant la faune locale. Entre Ydikoi qui s’extasie sur le cul des mecs et moi qui m’émerveille de ceux des damoiselles, nous couvrons à nous deux un assez large échantillon d’humanité, appréciant en connaisseurs toutes ces formes généreusement offertes à nos regards d’esthètes. La deuxième pinte n’est pas de trop pour poursuivre notre conversation et nos contemplations à l’aise. Mais mater, ça donne faim et nous finissons nos investigations de toutes sortes devant une assiette snack et un nouveau verre de blanche modèle réduit.

Il ne doit pas être loin de minuit quand j’abandonne Frida en bas de l’hôtel, non sans une certaine appréhension, et prends possession de mon lit, pas malheureux de pouvoir récupérer du voyage malgré l’envie de prolonger cette excellente soirée. Merci Ydikoi.

Jour 2 : samedi 26

Le samedi matin, je commence par filer vers le boulevard Beaumarchais pour chercher la « Casquerie » dont Ydikoi m’avait approximativement donné l’adresse, en vue d’y dégoter la pièce manquant à mon casque. Pas de bol, je n’ai pas pu trouver le magasin. Je retourne donc au secrétariat afin de l’ouvrir avant que mes « convives » n’arrivent. Évidemment, ils sont déjà tous là et Fred a également ouvert, faisant partie de la maison.

La réunion dure, comme prévu, jusqu’à 16 heures.

Ensuite, une fois les participants repartis vers leurs pénates, Ydikoi et moi allons dire un petit bonjour aux copains de Motomag, Là, Yannick, à la rubrique Consomotard, à qui nous contons mes déboires avec le Nolan, farfouille dans ses reliques pour en extirper la pièce tant convoitée qu’il met lui-même en place sur mon heaume. J’apprends ainsi comment se manipule cette chose bizarre. Mais surtout, c’est la fin d’un vrai souci. Merci Yannick.

Sur quoi, nous prenons congé les uns des autres et je retourne à mon hôtel avec l’intention de récupérer mon appareil photo en vue d’une virée dans Paris « by night ». En fait, le temps de grignoter un bout, de me doucher et de bouquiner quelques pages du dernier Fred Vargas (« Un lieu incertain »)… je pique du nez. Lorsque je me réveille, il me semble préférable de persévérer dans cette voie et de finir la nuit peinardement.

Jour 3 : dimanche 27

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Paris Rue Chapon

J’ai rendez-vous à 10 heures avec mon fils Aurélien, place Georges Pompidou, devant Beaubourg donc. Comme souvent, voulant faire du zèle, et surtout connaissant mon rejeton, je programme son adresse sur Tomtom pour lui faire la surprise. Fier que mon attirail sophistiqué m’ait amené devant sa porte, je lui envoie un message sur son portable pour lui annoncer la bonne nouvelle, persuadé qu’il est encore à tenter d’ouvrir les yeux. Seul problème, ça passe pas vraiment. De fil en aiguille, à force de chercher un point de réception à peu près potable, on a mis une bonne demi-heure à comprendre qu’on s’attendait mutuellement en deux lieux différents : Lui-même est déjà à l’endroit convenu depuis l’heure dite ! Ca m’apprendra à le regarder désormais autrement qu’en adolescent dilettante…

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Paris Nouveau code

En attendant d’être finalement réunis, je m’attarde à lire l’affiche apposée sur la devanture de l’école de la rue Chapon pour savourer les délices de la règlementation parisienne sur le stationnement des deux-roues. Un nouveau code de la route, paraît-il. Je comprends mieux les coups de chaud des copains parisiens !

 

Paris Beaubourg-Stravinsky

Nous voilà donc assis à côte de Beaubourg, place Stravinsky, où je savoure ma désormais traditionnelle pinte de blanche avec rondelle de citron, tout en fixant dans la mémoire de mon appareil photo quelques scènes de la vie touristique de notre chère capitale. Nous devisons gentiment puis, la faim nous tenaillant, nous mangeons un bout arrosé d’eau gazeuse. C’est donc vers 14 heures que je me décide à reprendre la route et à abandonner mon fiston qui doit aller assister à l’arrivée du Tour sur les Champs-Elysées.

Le temps de refaire le plein, encore une fois un peu limite (ça devient une habitude, décidément), je croise en direction de Fontainebleau puis de Nemours, par la RN7. Pour l’occasion, j’expérimente (en fait, depuis le départ de Bédarrides) la fonction « étape » de Tomtom, dans le menu « préparer un itinéraire ». Il faut bien reconnaître que ça simplifie la vie puisque le jouet se recale automatiquement sur l’étape suivante dès qu’on passe aux environs de la précédente et, ce, sans s’énerver quand on ne se rend pas au centre-ville.

Peu après Nogent-sur-Vernisson (Loiret), je quitte la RN7 pour prendre la D835 en direction de Adon. J’ai l’intention de faire un petit pèlerinage à Saints-en-Puisaye où vécut jadis ma chère grand-mère Rébecca.

C’est là que Tomtom recommence sa crise avec l’alerte batterie. Il faut tapoter dessus, parfois s’arrêter pour le déposer-reposer, pour que l’alerte cesse avant de reprendre environ un quart d’heure plus tard. Ça durera comme ça jusqu’à l’étape de ce soir. Je pense que j’ai rejoint le club des baisés…

Yonne-Rogny les 7 Ecluses

Une petite halte à Rogny-les-Sept-Ecluses, la bien nommée, pour assister au passage de bief d’un « house-boat », le temps de quelques photos. Puis en route pour Bléneau.

La petite départementale me fait traverser les frais bocages du nord de l’Yonne. A St-Fargeau, je prends la D85 en direction de Saint-Sauveur-en-Puisaye puis de Saints. Là, je pars à la recherche du hameau des Ouvots.

La dernière fois que j’y étais passé, il y a vingt ans de cela, la maison était fermée, comme abandonnée. Rébecca était morte depuis près de 25 ans et la maison avait sans doute été vendue et revendue, seul le profit intéressant ceux qui avaient réussi à capter le modeste héritage. Cette fois, elle était occupée et en travaux. La véranda dont Rébecca avait fait sa cuisine avait disparu, laissant la place à un ajout maçonné. J’eus encore une fois un pincement au cœur en revoyant la porte-fenêtre de sa chambre, où nous l’avions veillée lors de nos dernière vacances ici. Que de souvenirs d’enfance, et que de bonheur aussi, malgré tout. Rébecca est morte quelques mois plus tard, loin de nous.

Je reprends la D85 vers Courson-les-Carrières. Puis cap au Sud, par la RN151 qui me fait descendre vers la rivière Yonne, à Coulanges-sur-Yonne, que je suivrai ainsi, ou à peu près, jusqu’à sa source, quasiment. C’est là que je ramasse une belle averse, brève mais costaude ! Il y avait un nuage dans le ciel, il a été pour moi !

Aux environs d’Armes et de Brèves, j’hésite à m’arrêter dans une belle petite auberge, dans un coude de la rivière. Il n’est pas encore 18 heures et je peux pousser plus loin. Je me dis aussi que, vu le cadre enchanteur, je n’aurai pas de mal à trouver un petit coin sympa pour faire étape. D’autant que le Morvan s’offre maintenant à mes yeux. Encore une fois, je suis sur la réserve et, dimanche oblige, la plupart des stations sont fermées. Je trouve finalement mon salut à Corbigny et repars en direction de Mhère, le temps de dépasser un couple sur R1200RT qui flâne tranquillement sans but précis, apparemment.

La route devient franchement sinueuse et commence son escalade. Elle passe entre deux lacs, du côté de Montigny-en-Morvan. C’est magnifique. C’est finalement à Château-Chinon (Ville), où je suis accueilli par un portrait de François Mitterrand, à l’entrée de la ville, que je décide de faire étape. Il est 19 heures passées. Une brève recherche me conduit à un hôtel… « fermé le dimanche ». Quelle drôle d’idée au mois de juillet ! Je repars en sens inverse et aperçois un panonceau « Relais motard » qui m’invite à prendre la rue des Fossés. Je n’ai trouvé ni le relais ni les fossés mais, dès l’entrée de la rue, il y a l’hôtel du Lion d’Or, une invitation suffisamment sérieuse pour y céder.

La taulière commence par me regarder d’un drôle d’air, vu l’heure, et me propose une chambre qui doit tout juste être inscrite au catalogue de ses services, dirait-on. Après quelques minutes et une petite conversation sans façon, elle semble se dérider et finit par m’en offrir une autre dont elle a l’air d’être un peu plus fière. Puis, elle rouvre son restaurant exprès pour moi qui ai flashé sur un tripoux qui est sans doute sa marque de fabrique, son étoile, et se révèle effectivement excellent. Le tout accompagné d’un demi de bière bien fraîche, bien mérité. Elle me propose même de garer Frida sur le trottoir sous les fenêtres de l’hôtel. Mon charme est définitivement irrésistible car, finalement, je me retrouve avec la garde de l’hôtel puisque la patronne n’y vit pas et doit rentrer chez elle. Ville surprenante mais sympa.

La première chose que je fais, évidemment, est de mettre Tomtom en charge dès que j’ai fini de… décharger Frida. Prudence, prudence. La chambre est très bien. Elle donne sur une petite cour intérieure et a une salle de bain. La suite est toute trouvée : un bon repas, une bonne bière, un bon bain réparateur et… rideau.

Jour 4 : lundi 28

J’avais promis à ma taulière de ne pas descendre avant huit heures. Promesse tenue avec brio. Il doit être neuf heures quand je m’installe devant mon café-au-lait-pain-grillé-jus d’orange. La patronne arrive un peu après, tout sourire et toute ravie, dirait-on de voir que son motard prend son temps. De fait, je reprends la route vers dix heures en direction de Luzy, par la D27.

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Nièvre-RD27-Morvan

Et là, ô sublime. La route n’est pas bien large. Elle serpente à flanc de montagne découvrant un panorama à couper le souffle. Il n’y a pas d’autre mot : simplement splendide. Je m’arrête à plusieurs reprises pour photographier ce paysage merveilleux, jouant ainsi au chat et à la souris avec des cyclotouristes et une joggeuse (fort bien gaulée, par ailleurs). Au lieu-dit « le Charbonnet », la petite maison est si belle, adossée à son vaste pré, qu’elle prend des airs de petit bonheur. Il y a d’ailleurs plusieurs endroits ainsi dont les noms donnent à penser qu’on y produisait jadis beaucoup de charbon de bois.

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Nièvre-RD27-Morvan-Le Charbonnet

Peu avant le Mont Beuvray, un autre lieu-dit au nom charmant : la « Croix des Cerisiers », avec ses petites maisons fleuries. Ce pays est décidément un enchantement. Je passe Luzy en direction de Toulon-sur-Arroux (copieurs !). La route s’élargit et s’assagit un peu. Je file sur Charolles et Chauffailles. Le paysage est moins propice aux arrêts-photos. C’est sans doute injuste mais, après le Morvan, rien ne capte vraiment mon regard.

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Nièvre-RD27-Morvan-Le Charbonnet

J’arrive au col des Echarmeaux vers 13 heures. J’y fais escale pour m’envoyer une pinte bien fraîche. Il fait chaud et je dégouline sous ma veste (cette foic-ci, pas de blouson d’été). Il y a là un petit groupe de motards-scoutards du coin, la cinquantaine bien tassée, qui ripaille autour d’assiettes de charcuterie. Finalement, je cède à la tentation et demande la même chose. La patronne semble avoir l’habitude des motards et me fait bon accueil. Elle n’est pas mal non plus.

Vers 14 heures, je repars sous le soleil brûlant en direction de Lyon, par la D485. Je longe une vallée où tous les bleds, ou à peu près, sont « sur Azergues ». D’ailleurs la route est fort belle et fort agréable. Je croise ainsi jusqu’à l’Arbresle pour contourner Villefranche-sur-Saône et Lyon. A la sortie d’Arbresle, je prends une succession de route dont le classement en départementales me paraît très exagéré. Des chemins vicinaux qui se la pètent ! N’empêche, ça tourne, ça vire, ça monte et ça descend. Un vrai régal d’autant que le cadre est également très agréable. Malheureusement, je me paie un gros coup de barre. Entre la chaleur et les virolos, je commence à sérieusement fatiguer même si l’allure est des plus modérée. Mais le plaisir n’y est plus.

J’arrive à Givors et décide de changer d’itinéraire. J’avais prévu de passer par Annonay et l’Ardèche, ce qui me faisait arriver vers minuit mais je renonce. L’autoroute est à deux pas. Tant pis, j’abrège. Direction le Rhône et le péage de Vienne.

Le trafic est soutenu mais fluide. Rien à dire, encore une fois, de l’autoroute si ce n’est les quelques abrutis qui squattent la voie de gauche même quand celles de droite sont libres. Ils s’y cramponnent comme des morpions aux couilles d’un moinillon. Rien à faire, leur cerveau est en mode « éco » et ça ne réagit pas. Inutile de dire que les dépassements par la droite sont fréquents et je ne parle pas que de moi. Soyez zen, qu’y disent. Faudrait encore pouvoir avec ces cons. Une autre engeance est cette espèce qui ne se sert ni de ses clignotants ni de ses rétroviseurs et vous déboite sous le nez sans prévenir. C’est fatiguant la civilisation et la promiscuité ! A la hauteur de Montélimar, un semi s’est mis sur le flanc sur la voie Sud-Nord. C’est assez fréquent à cet endroit et ça génère un joli bouchon. Évidemment, de mon côté, j’ai droit aux éternels curieux. Pour un peu, ils s’arrêteraient pour regarder. Il est temps que j’arrive. Tout ces inconscients m’énervent. Et on parle des motards. Quelle pitié, ces œillères !

J’arrive vers 20 heures. Le compteur partiel affiche 1540 km depuis vendredi matin. A peine une petite centaine de plus que mon raid précédent. La Lorraine et le Morvan à une semaine d’intervalle, je suis verni. Mais ce coup-ci, je suis bien caramélisé. On attendra un peu pour repartir à l’assaut du vaste monde. D’autant plus que les pneus sont nases et qu’il va falloir y remédier.

Mais, encore une fois, ma Frida a fait merveille. Cette bécane est bien une dévoreuse de bornes avec un appétit d’oiseau, ce qui, par les temps qui courent, n’est pas une qualité insignifiante. J’ai beau le savoir depuis longtemps, chaque fois je me félicite de ce choix. Dommage, toutefois, que le pare-brise renvoie le vent sur le casque car le Nolan N103 est réellement une catastrophe question insonorisation, surtout sur autoroute et voie rapide. Il paraît qu’en septembre, Nolan livrera des garnitures plus rembourrées pour atténuer le bruit. Voir si ce sera efficace et à quel prix !

Quant au Tomtom Rider, si je n’ai pas de critique à formuler sur son zèle à conduire son maître à bon port, je suis extrêmement déçu par la médiocrité des connexions. Comme par hasard, elles se défaussent juste après la fin de la garantie légale. J’ai beau avoir été prévenu, je trouve inconcevable que ce fabricant n’ait rien fait pour remédier à ce défaut stupide. Ydikoi m’a montré que le dernier modèle reprenait le même principe avec un système de maintien différent. Je ne suis pas certain que ce soit plus fiable. Au prix qu’on nous le vend, c’est tout simplement inadmissible. Heureusement la batterie tient plus de huit heures (pour le moment).

Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir : Ce fut une très belle balade. Alors, prêt pour repartir bientôt !