[Blogue] Non merci, sans façon !

Demain, je ne choisirai pas entre la Le Pen et l’Estrosi. Inutile d’insister, mais NON !

Malgré la profonde aversion que j’éprouve à l’égard du parti qui se dit encore « socialiste », j’aurais voté, sans trop traîner des pieds, pour une liste de fusion au second tour qui aurait comporté des représentants du Front de Gauche, dans les conditions qu’explique ici Corinne Morel Darleux. C’est le mode de scrutin débile de ces élections qui l’impose pour permettre la représentation, même insignifiante, d’une partie de l’électorat. Et qu’on ne vienne pas surtout pas me dire que faire cela, c’est aller à la soupe pour préserver des places qui sont bonnes, évidemment. Les tenants du « tous pourris », en l’occurrence, me gonflent.

Mais en PACA, nous n’aurons même pas cette option puisque, dès avant le premier tour, le (triste) sire Valls avait décrété que la liste P »S » annoncée en troisième position se retirerait. On n’allait quand même pas se compromettre avec la gauche ! C’est sans doute la raison pour laquelle la liste était conduite par un sous-fifre sans grande envergure pour succéder à un calibre comme Michel Vauzelles dont le bilan de mandature, je pense, n’était pas franchement mauvais. Il faut donc reconnaître qu’il y a des arguments plus enthousiasmants pour mobiliser un électorat hésitant… pour le moins.

Alors, dans ces conditions, entendre « monsieur 5 % » appeler à voter pour la droite contre l’extrême-droite, au nom d’un prétendu « front républicain » qui fait se tordre de rire à la limite de la suffocation le marigot sarkozyste, honnêtement, ça ne passe pas.

C’est que, même si Estrosi n’est pas seul sur sa liste, franchement, on a souvent du mal à discerner ce qui sépare ses idées de celles des fachistoïdes du FhaiNe. On est là dans le domaine de la nuance subtile, si tant est qu’on puisse appliquer cet adjectif aux effluves de latrines.

Prenons un simple exemple :

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Profession de foi Estrosi, détail

On nous parle de gens qui « méritent » la solidarité, ce qui, venant d’un parti qui ne manque jamais une occasion de fustiger ce qu’il appelle l’assistanat, par exemple, laisse un peu dubitatif. Mais si on creuse un peu, est-ce que, par exemple, accompagner des femmes qui veulent avorter est un engagement assez méritant aux yeux d’Estrosi et de ses amis, malgré ce qu’ils prétendent, pour bénéficier des financements publics ? On nous parle aussi de « discriminations entre Français » alors que l’idéologie pétaino-lepéniste va largement au-delà. Elle concerne les êtres humains dans leur ensemble, tout simplement, car elle est raciste, xénophobe, homophobe et tout plein d’autres gracieusetés phobiques. Se limiter aux Français est une simple pirouette sémantique pour se présenter sous un jour plus avenant mais Estrosi n’est peut-être pas tout à fait le mieux placé pour parler de tolérance lui qui est incapable de voir au-delà des étiquettes.

Voir Estrosi emboucher le clairon du gaullisme (de la première heure, cela va sans dire) pour appeler le bon peuple provençal à l’esprit de résistance ne manque donc pas de piment. Et puis, une chose est sûre : il respectera certains de ses engagements qui ne devraient pas provoquer trop de nausée chez la Marionnette. S’engager à laisser s’exprimer librement toutes les forces politiques de PACA ne devrait donc pas trop lui coûter. Surtout dans l’enceinte de l’Hôtel de Région ! Mais penser qu’il aurait le pouvoir d’empêcher quiconque de s’exprimer est déjà le signe d’une conception peut-être un poil absolutiste et discrétionnaire de ses attributions. Encore un petit potentat qui se la pète !

Et puis, on ne vote pas pour ses ennemis de classe. Le P »S » en fait aujourd’hui les frais et laisse le champ libre à la réaction et à la bourgeoisie qu’il sert sans vergogne. Mais il faudra un peu plus que les coups de menton d’un Clemenceau de contrefaçon pour montrer la voie à suivre. Puisque nous voilà condamnés à subir, ne tressons pas la corde qui doit servir à nous pendre.

Et pour faire bonne mesure, on lira cette tribune de Philippe Torreton qui appelle le peuple de gauche à reprendre la main dès lundi. Il est plus que temps !

Alors, voter Estrosi ? Non, merci, monsieur Valls, sans façon. Vous n’existez plus !