Pétronille VI

Comme la moto, la Deux-Pattes est un art de vivre, un univers, une science. La plus belle conquête de l’homo mecanicus après la bécane et juste avant le fromage au lait cru ! Un luxe rare, quoi. Merci Dédé (Citroën).

Ce billet, vous l’attendiez depuis longtemps. Ne dites pas le contraire, je le vois à vos yeux concupiscents. Effectivement, il fallait bien que ça arrive un jour et que je vous présente Pétronille.

La voici (cliquez sur la photo pour l’agrandir) :

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Pétronille VI : Ca commence à prendre tournure

Bon, pour l’instant, elle ne paye pas trop de mine. Et encore, vous ne l’avez pas connue il y a un an quand je l’ai achetée. La rouille lui donnait un air piteux élégamment souligné par sa capote en lambeaux et ses sièges bouffés aux mites. Il y a du mieux mais ce n’est pas terminé. La restauration prend du temps. Question de disponibilité, bien sûr, et d’argent, forcément.

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Pétronille VI – Début des travaux

Et puis, il y a les jaloux. Du moins, les jalouses. Je comptais profiter (un peu) des congés pour m’occuper de la belle : installation d’un allumage électronique, nettoyage intégral du carbu (double corps, svp), remplacement des « peneus » et quelques autres broutilles ; mais quand j’ai soulevé le capot pour commencer mon ouvrage, je me suis retrouvé nez-à-nez avec une meute de guêpes, pas bien contentes, qui avait installé deux nids. Ça fait quatre jours que je lutte pied à pied à coup d’insecticide vaporisé sous le capot.

L’un des nids, le plus petit, est mort. Terminé. Mais le plus gros fait de la résistance. En plus, il s’est cassé la gueule au fond du compartiment moteur, à côté du tambour de frein, et pour l’atteindre maintenant, c’est pas une mince affaire. Les bestioles – plutôt rancunières – m’attendent en embuscade. La bombe est en train d’y passer. J’aurais quand même le dernier mot.

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Pétronille VI :Vue arrière

Du coup, ça retarde un peu mes opérations mais ça ne me dérange pas plus que ça. J’ai une grosse flemme à 3 jours de la reprise et j’essaie de ne pas me stresser par des contraintes inconsidérées. Et puis, il y a le pont du 15 août (4 jours avec l’ARTT imposé par la direction). Donc, rien n’est perdu.

Pétronille, c’est une petite folie que je me suis offerte l’an passé. J’avais envie d’une vieille caisse à retaper à temps perdu, surtout une deux-pattes, et elle m’est quasiment tombée dans le bec. Le mécano en face du bureau l’a exposée pendant deux mois puis je me suis finalement décidé.

Il y a pas mal de travaux à réaliser, en particulier pour circonscrire la rouille, mais elle est roulante et elle a presque passé le contrôle technique. Oui, je sais, le CT… En tous cas, il n’y avait que les freins et les pneumatiques à revoir.

Pour les freins, c’était d’ailleurs une évidence : le tambour de droite frottait tellement, ankylosé qu’il était par quelques années d’inactivité, que la petite pouvait difficilement dépasser les 60 à l’heure. Et encore, au bout de 20 km, le liquide de frein entrait en ébullition. Pas bien commode. Maintenant, les deux freins avant sont neufs. Pour l’arrière, c’est un peu moins bandant (quoique pour l’avant, je m’en suis vu) car, pour une fois, Citroën n’a pas donné dans la simplicité (sur une deuche). Mais je ne suis pas inquiet, je les aurai.

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Nid de guêpes

J’ai aussi changé les pare-chocs (si on peut appeler ça ainsi sur une 2-pattes) qui étaient devenus de la dentelle d’acier tellement ils étaient bouffés. La capote, bien sûr. Maintenant, on a la tête dans les nuages quand on le décide ! J’ai mis des housses sur les sièges en attendant de les refaire en totalité.

Bien entendu, niveau moteur, elle a eu droit à une révision quasi-complète. Il ne me reste qu’à régler le jeu aux soupapes. Ce sera fait avec l’allumage. Côté carburation, j’ai installé un système de catalyseur d’essence pour la faire fonctionner au SP95/98 sans me cogner l’additif à chaque plein. Un premier nettoyage du carbu a donné l’effet inverse de celui souhaité. Maintenant, le moteur ne tient plus le ralenti. Je dois donc tout redémonter pour le nettoyer à nouveau. Le pot d’échappement est neuf et j’ai changé la calandre d’origine (mat) pour une chromée, un peu plus sexy. J’ai également changé la portière avant droite qui était dans le même état que les pare-chocs et la vitre abattante de gauche qui ne verrouillait plus. Merci d’ailleurs à Alain et Coco pour ce cadeau inestimable.

Resteront donc les « peneus » puis, une fois les gros points de rouille éradiqués, une petite mise en peinture pour lui donner un aspect folklo. Je penche pour une déco façon caisse à Gaston (Lagaffe) mais rien n’est arrêté. On verra en temps voulu. Ça pourrait donc donner ça :

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Façon caisse à Gaston

ou un truc dans ce genre :

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Façon n’importe quoi

D’ailleurs, si vous souhaitez m’aider à choisir le style, vous pouvez utiliser la pétition ci-dessous. Je l’enverrai au ministère de l’Industrie et des 35 heures par jour pour imposer le modèle retenu.

Évidemment, on ne choisit pas une deux-pattes par hasard. Comme pour la moto, j’ai chopé le virus il y a longtemps. Ma première voiture fut une 2CV (AZAM) que nous avions surnommée « Pétronille 2bis Superdeuche » car reconstruite à partir de deux caisses récupérées par mon père. Je me suis éclaté comme un dingue avec. Et elle aussi puisque je l’ai pliée le premier jour où je suis rentré en France après mon service militaire. J’avais oublié que je n’étais plus en Afrique. C’est ballot car quand on a survécu à la circulation africaine, on ne devrait plus avoir de problème nulle part sauf, peut-être, au Liban. Passons. En tous cas, c’était aussi un piège à filles (messieurs, je vous le garantis). Je n’ai connu que deux Espagnoles pour préférer des Ferrari sinon toutes les autres étaient raides dingues. C’est vrai que question raideur, les sièges n’étaient pas très commodes pour affiner les situations romantiques mais par contre, les suspensions… du tonnerre ! Quant à la capote, je vous laisse apprécier : à l’époque, on roulait souvent sans, surtout l’été…

Au total, j’aurai donc possédé six deux-pattes dont une AZA de 1965 (sans vitres de custodes) et deux AZAM de 66 et 67 (avec custodes) qui n’en ont fait qu’une, ces trois modèles étant dotés du moteur 425 cm3 de 18 ch réels, une 2CV4 (AZKB) de 1974, avec moteur de 435 cm3 et 26 ch SAE, une fourgonnette AK 350 de 1970 (AK2), avec moteur de 602 cm3 et 29 ch SAE, et maintenant une 2CV6 Club (AZKA) de 1980, avec moteur de 602 cm3 et 33 ch SAE. Chacune a une histoire et est attachée à un moment particulier de ma vie. Ce n’est pas volontaire, d’ailleurs. J’ai toujours bien aimé cette bagnole mais ce qui a souvent déterminé son achat était son prix à un moment où les finances étaient un peu raides.

Alors pourquoi donner un nom à mes caisses (comme à mes motos d’ailleurs) ? Je n’en sais rien. Je pense que la deuche y est propice. Tous les potes qui en possédaient une lui donnaient un petit nom. Joël, à l’IUT de Nîmes, appelait sa dedeuche rose bonbon « Pupuce », je crois ; pour Jacky, c’était simplement « 11 », imprimé sur les potières avant et parce que « onze fait chier ! », etc. La plupart des collègues du 2CV-Club Luberon-Ventoux en ont donné un à leur reine des routes. Je n’ai donc rien inventé.